MARTIN : Bonjour Michel, bonjour Marielle, je tenais, quelques instants avant de démarrer notre petit entretien consacré à la montée de celui que nous appellerons e-Rallye, à vous remercier pour votre présence aujourd’hui, ainsi que pour avoir accepté de répondre à ces quelques questions tout aussi spéciales pour ne faire aucuns jeux de mots, qu’intrigantes pour de nombreux acteurs issus du monde sportif automobile. Permettez-moi de vous demander en cette belle journée, comment allez-vous ?

MICHEL : Bonjour Martin ! Au terme d’une année 2020 compliquée et d’une année 2021 qui s’annonce sur la même lignée, nous allons plutôt bien… Nous attendons patiemment de retrouver nos libertés ! Nous espérons que toi et tes proches se portent bien aussi …

MARTIN : C’est vrai, je suis entièrement d’accord avec vous : Le chemin des spéciales nous manque énormément, mais il faudra résister encore un peu à cette période très délicate… Tout va bien de notre côté, je vous remercie ! Eh bien c’est parti, et nous allons traiter quelques petits axes liés à la montée exponentielle des sports automobiles éclectiques, en ces périodes dites de transitions écologiques. Avant tout, et en quelques mots pour toutes celles et tous ceux qui auraient envie d’en savoir un peu plus sur vous, pourriez-vous en quelques mots vous présenter, nous parler de votre amour pour le Rallye automobile ?

MICHEL : Sans problème, alors je suis Michel Giraldo, 59 ans, marié, habite à Saint-Jorioz dans le 74 et je suis responsable parc automobile chez CARGO – Loueur de véhicules- ! Je suis passionné de sport auto depuis maintenant plus de 30 ans. Je roule en famille avec Marielle, mon épouse et Méryl, ma fille. Elles se partagent le baquet de droite. Quelques mots sur notre palmarès : Vainqueur du groupe N à la Finale de la coupe de France des Rallyes en 1993 à Soulac, c’était sur R5 GT Turbo ; deuxièmes de la coupe Renault sport Clio en 1995 ; et notre première victoire scratch date de 1997, c’était à l’occasion du rallye des Bauges. Depuis, nous comptons plus de 100 victoires scratch et autant de podium sur des rallyes Régionaux et Nationaux, et ce sur diverses voitures que sont les : Renault 5 GT turbo, R11 Turbo, Clio Williams, Clio RS, Mégane N4, Mégane Maxi, Clio Super 1600, 306 Maxi, Fiesta R5, Skoda R5 et Polo R5.

MARIELLE : Je continue, alors je me présente, Marielle Giraldo, 56 ans, mariée aussi du coup, et habite à Saint Jorioz. Je suis directrice France Cargo, et tout aussi passionnée de courses automobile et de montagne. J’ai été au volant sur plusieurs courses de côte et rallyes de 1986 à 2004 et parallèlement copilote de Michel en rallye depuis plus de 30 ans.

MARTIN : Merci beaucoup à tous les deux pour cette petite entrée en matière. Comme beaucoup le savent, vous êtes désormais les premiers candidats à l’électrique, puisque vous avez réalisé il y a quelques mois une première mondiale qui était : Participer à une épreuve du Championnat de France des Rallyes en Zoé électrique, et forcément, ça a fait parler ! Pourriez-vous s’il vous plaît, nous évoquer en quelques mots ce week-end passionnant de découverte et d’apprentissage ?

MICHEL : Bien sûr, alors c’était une proposition de M-TECH associé à Renault Sport, et qui forcément nous a séduit. J’adore les Challenges car tout ce qui roule me passionne ! Cela a été une fierté d’avoir été choisi pour relever ce défi de l’éclectique. J’ai effectué une séance d’essais sur un circuit en région parisienne pour une découverte de la voiture et de l’équipe M-tech, d’ailleurs je remercie toute l’équipe pour cette confiance. Nous avons pris le départ du rallye du Mont Blanc après avoir participé au Shakedown. Il faut savoir que la voiture était la plus lourde du plateau et la moins puissante, pour vous en dire un peu plus, celle-ci pèse 1500 kg pour 135 cv. Plus précisément, c’est une équipe professionnelle qui nous a permis de progresser au fil des spéciales… J’ai eu de bonnes sensations tout au long du week-end et j’ai dû adapter mon pilotage pour gérer le poids, les freins, mais pas de boite à vitesse pour ralentir ! En revanche, faut-il le dire, il n’y a pas de bruit, et c’est là que ça blesse… (Rire). Nous avons signé quelque temps autour de la 100e place sur 180 voitures !

MARIELLE : Pour compléter ce que vient de nous dire Michel, participer à une première mondiale pour essayer cette auto électrique sur le mythique rallye du Mont Blanc ne m’a pas fait hésiter un instant ! Michel s’est très vite adapté et l’équipe a assuré une assistance parfaite. L’objectif était de rallier le parc en faisant l’intégralité des étapes sans recharger, tout en prouvant que cette auto avait sa place dans le rallye : Ce qui est désormais chose faite !

MARTIN : Quel plaisir que de vous écouter nous évoquer cette aventure avec autant d’enthousiasme, en espérant que ces propos puissent aider à nombre de passionnés de voir l’électrique différemment. Mais dans tous les cas, c’est une sacrée performance qui a été réalisée, une grande réussite, nous ne pouvons que vous en féliciter ! Merci à tous les deux pour ces beaux retours… Poursuivons : Comme nous pouvons l’observer de nos jours, l’arrivée montante de l’hybride ou du tout électrique en sport automobile reste d’actualité, ne faisant pas le bonheur des nombreux et nombreuses passionné.e.s. A l’issue d’une épreuve nouvelle comme celle-ci en énergies nouvelles, que pourriez-vous nous dire à ce sujet ? Quel est votre ressenti ?

MARIELLE : Il faut savoir qu’à l’avenir, l’électrique et l’hybride seront aussi performants qu’un moteur atmo !

MICHEL : Je pense qu’il faut s’habituer au changement et s’adapter à cette transition écologique… L’électrique et l’hybride sont des atouts pour les organisateurs !

MARIELLE : Oui, et puis pour rebondir sur ce que dit Michel, cela pourrait permettre des ouvertures de portes plus facile pour les préfectures.

MARTIN : Un Rallye, zéro problèmes, et donc une seule réussite ! Sur un aspect plus technique, pensez-vous que ce nouveau type de véhicule puisse avoir sa place sur des épreuves officielles ?

MICHEL : Oui bien sûr Il faut conserver l’atmo et ouvrir le champ à la nouveauté pour compléter les plateaux ! Nous avons fait toutes les épreuves du rallye en rechargeant la batterie sur une borne électrique et non un groupe électrogène.

MARIELLE : Et en plus, c’était uniquement en parc de regroupement ou d’assistance, tout comme les autres concurrents.

MARTIN : C’est vrai c’est remarquable ! C’est à souligner comme tu viens de nous le dire Marielle, il n’y a pas eu besoin d’équipements plus conséquents et de temps de rechargement supplémentaire, le déroulé était donc comme un rallye normal, mais avec une nouvelle catégorie de voiture. Si je vous disais… Le rallye « vert » est-il inévitable aujourd’hui, en 2021 et ce pour les années à venir… Que pourriez-vous me répondre à ce sujet ?

MICHEL : Comme tu dis, le rallye vert doit être un complément de plateau et une catégorie à part entière ! Mais il faut conserver les atmo pour tous les passionnés, c’est nécessaire…

MARIELLE : Personnellement, je dis : allons-y ! Nous avons profité des voitures atmos pendant de nombreuses années, il est impératif de participer à cette transformation. Nous sommes en plein dedans avec notre activité professionnelle, où l’électrique et l’hybride représentent 20% de nos parcs de location.

MARTIN : Tout ça a le mérite d’être clair, et je pense que ces avis sont très respectables, bien que les atmos resteront encore dans nos cœurs et dans nos épreuves pour encore un bon moment, ou du moins, je suppose… Selon-vous, l’e-Rallye pourrait donc être un bon compromis pour améliorer l’image de ce sport souvent mis à rude épreuve, et donc que l’e-Rallye serait-il un bon moyen d’apaiser quelques tensions environnementales et écologiques ?

MICHEL : Ah oui, je suis tout à fait d’accord avec cela !

MARIELLE : Oui bien sûr. La mixité des plateaux de rallye, la mise en place de classement ou de coupes spécifiques seraient complémentaires et apaiseront sans aucun doute les tensions…

MARTIN : Que pourriez-vous dire à toutes celles et tous ceux qui, aujourd’hui, pourraient être un peu sceptiques… ?

MARIELLE : Sincèrement ? Essayez et vous serez agréablement surpris, c’est certain.

MICHEL : Je suis d’accord avec ce que dit Marielle, que je les comprends, mais que je leur conseille vraiment d’essayer, c’est vraiment intéressant.

MARTIN : Merci à tous les deux, à bon entendeur, si jamais l’opportunité se présente, laissons le bénéfice du doute… Revenons quelques instants sur cette belle première prestation sportive réalisée sur ces routes vertigineuses du Mont-Blanc. Quels sont les plus et les moins de ce type de voitures ? Car bien que le plaisir ait été à son apogée, quelques freins peuvent être visibles n’est-ce pas ?

MICHEL : Tu fais les plus et je fais les moins ?

MARIELLE : Pas de soucis.

MICHEL : Tout d’abord, le poids est un frein avec cette tonne et demie. Il est donc impératif d’anticiper le freinage. Pour autant, nous n’avons eu aucun problème de ce côté-là. Puis je dirai également le manque d’un système sonore pour prévenir notre arrivée et pour donner plus de sensations, voilà ce que je retiens de ce côté un peu plus délicat…

MARIELLE : Oui c’est vrai, elle est quand même lourde la Zoé ! (Rire). Pour l’aspect positif : Les relances en sorties d’épingle ! Puis les départs arrêtés également, car le couple et la puissance arrivent tout de suite. Pour revenir sur le côté un peu moins agréable, ayant un rôle d’ouvreur, nous avons surpris plusieurs fois des spectateurs au milieu de la route et cela peut être dangereux.

MARTIN : Le bruit est effectivement l’une des principales problématiques, et qui plus est une idée partagée par la presque totalité des participants, d’ailleurs, j’avais eu l’opportunité que de créer un petit sondage sur les réseaux sociaux sous forme de questionnaire, et cette réponse n’était autre que trop récurrente… Pour faire plus court, le Rallye et la pollution pour vous, sont-ils deux éléments véritablement associés ? Pensez-vous vraiment que le Rallye ait un impact fort sur l’environnement de nos jours ?

MICHEL : Pour le rallye ? Je pense que l’impact est minime, surtout si l’on compare avec d’autres facteurs tels que les bateaux de croisières, le monde aérien, et tout ce qui s’en suit.

MARIELLE : Pour moi, le rallye fait forcément référence à la pollution. Mais pas seulement ! Il y a bien d’autres sujets préoccupants dès lors que nous évoquons la pollution…

MARTIN : Merci beaucoup pour ces retours. Nous arrivons d’ores et déjà vers la fin de cet entretien passionnant, en voulant une fois de plus vous remercier tous les deux pour votre sympathie ainsi que pour ces réponses pouvant faire avancer sans aucun doute ce débat… Je vous souhaite plein de réussites sportives pour l’avenir ! Merci infiniment, en espérant à très bientôt !

MICHEL : Merci à toi de nous avoir confié ton entretien sur ce sujet qu’est l’e-rallye. C’est toujours un plaisir de te livrer nos impressions, car la passion et plein d’autres sujets nous lient ! Merci beaucoup.

MARIELLE : Juste avant de conclure, une petite anecdote du rallye du Mont-Blanc : Au parc fermé, le samedi matin une R5 GT turbo VH ne démarrait pas à cause d’un problème de batterie. Nous l’avons câblée sur la Zoé et l’équipage a pu poursuivre son rallye ! Eh oui, 35 ans d’écart entre ces 2 autos (Rires). On a toujours besoin d’un plus petit que soi… Merci Martin pour ta confiance et nous espérons avoir répondu à tes attentes ! Au plaisir de te croiser sur une épreuve et bon courage pour la suite. Bonne route !