MARTIN : Salut Marine! Comment vas-tu ? Prête pour ce beau moment de passion qui se profile, bien que ce dernier se fasse à quelques dizaines de kilomètres d’écart, du forcément aux mesures de confinement établies sur l’ensemble de notre territoire… Je m’adresserai souvent à toi en tant que copilote, mais bien entendu, en tant que pilote également car tu as le plaisir aujourd’hui d’évoluer de chaque côté de l’habitacle ! J’espère que tout va bien ‘chez toi’, c’est le cas de le dire ahah !
Marine : Salut Martin ! Ça va bien merci et j’espère que toi aussi ! Oui prête, à défaut de pouvoir rouler ça fait du bien de parler un peu rallye !
MARTIN : Tout va très bien également je te remercie, et comme tu dis, quel bonheur que de pouvoir échanger sur notre passion commune qu’est le sport automobile ! Aller c’est parti ? Et puis de toute façon c’est… Un peu trop tard maintenant ! Et top chrono avec la première question de cet entretien qui restera très facile pour commencer… Enfin, ça devrait bien se passer ahah ! Pourrais-tu s‘il te plait, te présenter, nous dresser ton portrait en quelques mots ? Quelle personnalité se cache finalement derrière ce fort sympathique pilote ! Et… C’est parti ! Tiens je vais rajouter une petite question d’actualité au passage… Comment arrives-tu à t’occuper en cette période de confinement oblige ?
Marine : Marine Delon, vingt-neuf ans, j’ai été commerçante jusqu’à maintenant et j’ai vendu mon magasin en fin d’année dernière. J’ai commencé le rallye en 2009 au Gap Racing en tant que copilote, puis j’ai pris le volant pour la première fois à Vaison-la-Romaine en 2014. En fait, je ne me suis pas encore ennuyée ! Je suis une vraie marmotte, et une amatrice de séries américaines, qui font que je me couche très tard, ou très tôt ça dépend comment tu le vois ! Du coup, je me lève vers les onze heures du matin, suivi d’un petit déjeuner et ensuite je m’oblige à faire une heure de sport, soit du vélo d’appartement ou elliptique. Repas, puis une petite ballade autour de chez moi dans le respect des règles de confinement bien sûr ; j’habite en pleine campagne et je n’avais encore jamais pris le temps de balader par là autour. Un peu de ménage et de rangement, puis c’est l’heure des marseillais à la télé et du repas ensuite ! Un peu de pâtisserie entre temps, et voilà !
MARTIN : Parfait, je te remercie pour ce beau portrait, nous allons pouvoir désormais rentrer dans le vif su sujet ! Maintenant que nous en savons un peu plus sur toi, tu vas pouvoir nous expliquer l’origine de cette passion pour le rallye ? Pour toi Marine, cette admiration pour le rallye… D’où vient-elle ? Depuis ton plus jeune âge peut-être, ou bien grâce à des proches ? Enfin, tu vas pouvoir nous en dire un peu plus !
Marine : Et bien les deux ! Mes parents n’ont jamais pratiqué, mais m’ont toujours amenée sur les Rallyes. Très tôt, j’étais sur les spéciales du Monte-Carlo, du neige et glace à l’époque car ce rallye chez nous n’existe plus, du Laragnais et du Gap Racing. J’ai des souvenirs où je suis sur des spéciales du Monte-Carlo avec de la neige jusqu’aux genoux ! Et à chaque fois, la même tristesse au passage de la voiture balais : ‘ papa, c’est quand le prochain ?!’. Malgré la passion, quand on n’y connait personne c’est un milieu relativement fermé. J’ai connu mon copain qui lui par contre avait son père qui roulait, qui connaissait du monde dans ce milieu et qui lui aussi a débuté quand il a pu. Quand son pilote lui a proposé le Gap Racing, il m’a demandé si je ne voulais pas le faire à sa place. Et tout est parti comme ça !
MARTIN : Merci beaucoup Marine, ravi pour toi, pour de si beaux débuts ! Et des projets pour cette fin de saison malgré tout ? Puisque en raison de cette période de confinement, dû à cette crise pandémique et sanitaire impactant également notre nation, comme nombre d’autre pays, l’ensemble des manifestations sportives sont en toute logique stoppées, jusqu’à nouvel ordre… Nous pensions encore à plusieurs semaines sans manifestations, ce qui demeure d’ailleurs aujourd’hui fort probable… Mais dans le meilleur des cas, quel était ton programme de base cette saison, et quel sera celui-ci en cas d’un retour à la normal d’ici la fin d’année ? Enfin… Je te laisse nous évoquer tout cela !
Marine : A la base, je devais un peu rouler au volant, avec mon amie Pauline MELCHIORRI à ma droite. J’avais prévu Vaison, qu’on a pu faire, mais aussi la Matheysine et le Laragnais, malheureusement annulés. Cela fait deux ans que je souhaite faire le Saint-Marcellin au volant, en hommage a mon meilleur ami disparu aujourd’hui et dont ça a été le seul rallye, au volant. Malheureusement, je crois que c’est mal engagé aussi… Parallèlement, en copilote, je devais faire les Monts du Vaucluse aux côtés de Dominique POINT dans sa C2, et je cherchais à faire la ronde de la Durance, un rallye que j’aime beaucoup. Les deux sont annulés. J’attends avec impatience de savoir si nous pourrons faire le Gap Racing, car celui là, je ne le raterai pour rien au monde et c’est un rallye sur lequel j’aime me faire vraiment plaisir, comme l’année dernière avec Nico RENCHET et la Clio S1600 du Team Italien Erreffe. S’il se fait, je mettrai tout en œuvre pour me faire un nouveau gros kiff, même si là ce sera un défi encore plus grand vu la conjoncture pour les partenaires éventuels. La suite de la saison, je ne sais pas pour le moment !
MARTIN : Cette saison aurait hélas dû être bel et bien dressée, mais ce ne sera malheureusement pas pour tout de suite… Espérons pouvoir reprendre le plus tôt effectivement ! Il est vrai, que tous pilotes et copilotes ont un rêve… Mais pour toi, si je te le demandais… D’ailleurs… Je crois bien que je vais te le demander ahah ! Ce serait lequel ? Une voiture peut-être, une rencontre ou bien un Rallye ? C’est à toi !
Marine : Pendant des années, ça a été de copiloter dans une Clio R/3. Ça a été fait, j’ai donc basculé sur une R/5, et là, j’ai vraiment galéré ! Je ne fais malheureusement pas partie de ces copilotes qui sont dans une R/3 au premier rallye, et dans une R/5 au troisième ! Moi, j’ai fait l’école de la galère, la N/1, la N/2, la R/1, je connais par cœur ! Mais c’est la meilleure des écoles selon moi, et je ne troquerai ce que j’ai appris et les souvenirs que j’en garde pour rien au monde ! Donc maintenant que j’ai eu ma R/5, et de la plus belle des façons sur une Finale, à Albi l’année dernière, grâce à Nico SCHIFANO, je ne sais plus ce que je voudrais ! Je courrais tellement après ça, que je suis à court ! Niveau rallye, je t’aurai peut-être dit le Monte-Carlo, mais ça, c’est fait aussi, à trois reprises ! Peut-être la Finlande, mais là, il faut que je bosse mon Anglais ! Après, si on me parle Mégane Maxi, WRC ou un super pilote qui me voudraient à sa droite, je signe quand même tout de suite !
MARTIN : Ahah forcément, je te souhaites ainsi que de pouvoir atteindre ces rêves, et qui sait… Peut-être que tu auras prochainement cette chance ! Tu as désormais quelques années dans le baquet de gauche à ton actif, mais également dans le baquet de droite ! Tu vas pouvoir nous parler de tes débuts, de tes premiers tours de roues, jusqu’à aujourd’hui en tant que copilote ; et en tant que pilote dans un second temps ! Car si j’ai bien calculé, tu en es à exactement quatre-vingt-deux épreuves dans le baquet de droite ! Et un sacré nombre de podium de classe tout confondu, pilote et copilote !
Marine : En effet tu as bien compté ! Avec une trentaine de pilotes différents, et un peu tous les types d’autos et de classe. Comme je te disais, j’ai attaqué en 2009 au Gap Racing avec Rémy GRILLERER sur une 106 N/2. Ensuite, ça a été compliqué de trouver un pilote, je ne connaissais pas assez de monde dans le milieu. C’est un voisin, Franck MUCCINI, qui a été le second à me donner ma chance, sur sa belle Clio Williams F2/14. Face à mes exigences malgré mon jeune âge et mon inexpérience, il m’a regardé et m’a dit ‘il te faut un pilote, un jeune fougueux !’, et quelques mois plus tard, je faisais le Sarrians avec Olivier FLORET et sa 106 N/2, nous finissons dixièmes au général. Ce dernier m’a fait rencontrer Florian BERNARDI, et c’est comme ça que j’ai débarqué au Touquet en 2011, pour une année de Championnat de France Junior intense ! Lors du Mont-Blanc, j’ai fait la connaissance de Johan NOTARGIACOMO, qui était en panne avec sa 205. Le fait de pousser son auto ce jour là m’a amenée à trois ans de championnat supplémentaires, deux de Twingo et une en 208 Rallycup. Fin 2014, j’ai pu gouter à l’aventure Rallye Jeunes sur le Rallye du Var où on gagne la manche en DS3 R/1 avec Romain DI FANTE ! Puis en 2015, le Monte-Carlo avec Charlotte DALMASSO, une sacrée aventure ; qui s’est renouvelée en 2016 avec Stéphane BRUNIER, puis en 2019 avec Yoann REYMOND. En 2017, je copilotais Enzo BARACCANI sur C2 R/2 puis 208 R/2, nous nous sommes qualifiés pour la finale à Marseille, où nous avons gagné le R/2. A côté de tout ça je copilotais mes amis dès que c’était possible, notamment mon ami disparu également Olivier GONZALES, ou encore Jeremy FARGIER, Damien HERAIL, Flo DURET, Nico SCHIFANO, Laurent GARCIA… J’ai même copiloté Jacques, le papa de Flo BERNARDI ! En 2018 j’ai fait la connaissance de Dom POINT, et nous nous sommes partagés le baquet de droite avec Steph LOIGNON jusqu’à aujourd’hui. J’ai aussi fait la connaissance de Francesco VANGIONI, avec qui j’ai fait la finale 2018 à Chalon, malheureusement finie pour nous sur un abandon. Et en pilote, j’ai attaqué en 2014 à Vaison avec une Swift N/2 de location, puis j’ai loué pour le Sarrians une 106 N/2. Ensuite, j’ai pris un départ avec une 205 F2/13 à Sarrians l’année d’après, mais j’ai été très vite en panne et j’ai dû abandonner. Ensuite mon beau père m’a prêté sa 205 F2/13. C’était une petite, environ 130 chevaux, mais j’étais super à l’aise dedans. A Vaison 2016 on termine deuxièmes féminine derrière Charlotte DALMASSO, alors que la veille on était en panne, pointage en retard du coup et on a réussi à remonter 2 de nos concurrentes le dimanche. Apres on a enchaîné par Venasque, on fait une super première spéciale en faisant le temps du féminin, et on sort dans la deuxième… On continue, mais on abandonne sur mécanique un peu plus tard. Et à Sarrians, on couche un poteau téléphonique au bout d’un kilomètre de la première spéciale. Malheureusement, l’auto a été détruite par un incendie en course au Gap Racing 2017, heureusement sans mal pour mes amis qui en constituaient l’équipage, et depuis je n’ai plus roulé. L’occasion s’est présentée de monter une 206 N/2S, mon équipe a fait un gros travail sur 2019 pour la monter de A à Z, et nous avons pris part au rallye de Vaison 2020 avec. Pour l’instant pas de reprogrammation, il me manquait des chevaux par rapport à mes concurrents à la classe, et j’apprenais l’auto. En plus, il s’est mis à pleuvoir, chose à laquelle je n’avais jamais été confrontée ! Et avec les pneus autorisés en N/2S, ça a été pour moi un calvaire. La N/2S est un choix budgétaire avant tout, et j’avoue vivre assez mal le fait de voir mon nom en bas du classement, chose qui n’était pas forcément le cas avec la 205, et impossible de rivaliser au féminin, c’est souvent des très belles autos avec parfois pas loin de cent chevaux de plus ! J’ai un caractère ultra-compèt’ donc ça me frustre beaucoup, mais à côté de ça, je pense aussi que pour apprendre, et savoir performer avec plus gros, il faut passer par là !
MARTIN : Excellent, merci infiniment pour ce petit flash-back, qui nous permet ainsi de pouvoir te connaître davantage, ainsi que ton beau parcours que tu mènes si bien jusqu’ici ! Quel est ce sentiment qui surgit en toi dès lors que l’on entre dans le cœur du sujet, la course ? Comment te sens-tu, et comment appréhendes-tu autrement dit, ces départs ?
Marine : Le sentiment principal est celui de tout oublier. Il n’y a plus les tracas, les problèmes de la vie. Il y a toi, le pilote ou ma copilote ça dépend de quel côté je suis, et l’auto ! Le reste n’importe plus, et c’est ce qui me plait. Après, outre le côté ressenti, niveau préparation de course quand je suis copilote ça passe par un plan de recos, un plan d’assistance et conso si besoin, toute une étude du parcours et du règlement afin d’être opérationnelle sur le moment et de ne rien oublier ! Quand je suis en pilote par contre, je me laisse vivre ! Je visionne pas mal les caméras des recos, en essayant de parfaire mes notes. Je ne fais pas de par cœur, j’ai une mémoire de poisson rouge ! De plus, j’estime que le travail du copilote est trop important pour le snober, en faisant du par cœur. Pour Le reste, c’est ma copilote et mon assistance qui gèrent, je ne fais rien !
MARTIN : Tout oublier, faire le vide, et se lancer; rien n’est plus beau, dans l’unique pensée de pouvoir s’élancer sur ces nombreux tracés ! Et si tu devais prendre exemple sur quelqu’un, ou bien même prendre de l’inspiration, sur qui serait-ce ? Qui pour toi, pourrait représenter un modèle, ou être source d’inspiration ?
Marine : Je n’ai pas de modèle particuliers mais j’aime bien les gens qui sortent un peu du lot, du genre SENNA, McRAE, AURIOL, GALLI… et OGIER ! Ces gens-là, on ne les mets pas dans des cases, et pourtant ils sont champions et ce sont des légendes ! Même avec un sale caractère et en faisant parfois des trucs pas bien conventionnels !
MARTIN : Excellent, forcément quelques uns des plus grands noms du sport automobile, nous pouvons dire que ce ne sont que des bonnes réponses ahah ! Nous vivons tous de plus ou moins beaux moments… Et pour toi Marine ? Quels seraient ces quelques moments, positifs et négatifs, depuis tes débuts dans ce sport ? Que ce soit sur le rallye, ou bien avant dès la préparation bien sûr, ou de nombreux et divers événements peuvent arriver !
Marine : Positifs je te dirai mon premier Rallye, ça marque forcément, mes trois Monte-Carlo parce que je pense que tu peux le faire vingt fois, la vingt-et-unième te fera toujours autant briller les yeux ! Mon premier podium en Championnat Junior, qui était sur ma première manche de championnat… Et négatif, je dirai notre Mont-Blanc 2014 car on a tout cumulé : tête à queue, crevaison, arrestation, et finalement abandon ! Alors que je sais ce que savais faire Johan et ce qu’on aurait pu faire sur ce Rallye… Notre abandon au Monte-Carlo 2019 où on a abandonné sur mécanique sur l’autoroute en descendant à Monaco ; notre sortie au Gap 2014 avec Jeremy FARGIER où on s’est fait très peur car coincés assez longtemps dans l’auto à l’envers, et enfin le Gap Racing 2018 où j’étais engagée avec un très bon pilote en Skoda R/5, et un capteur défaillant nous à poussé à déclarer forfait à 3 jours du Rallye. Je venais de perdre mon meilleur ami, et depuis plus d’un mois, je ne me raccrochais qu’à ça… Une grosse déception sportive mais surtout tombée au mauvais moment !
MARTIN : Aurais-tu une expression, ou bien un slogan personnel, quelque chose qui te tiens à cœur et que tu désires mettre en avant ? Et qui par ailleurs, qui pourrait bien sûr te représenter !
Marine : Le slogan que tu as mettras en présentation : Oui ! ‘Si tu peux le rêver, tu peux le faire’ ! Ça vient de Walt Disney. Ce mec là était un génie. Il a commencé par rêver, puis a mis ses rêves à exécution, quitte à hypothéquer deux fois sa maison. Ça me correspond, car à chaque fois que j’ai voulu quelque chose, je l’ai fait, peu importe le temps que ça a pris et le travail fourni… Alors que si on y réfléchit, à la base, monter dans une auto et faire un Rallye était déjà génial, le reste n’est que du plus. Mais moi, je suis beaucoup – toujours plus – !
MARTIN : De belles idées, de belles notions et citations, il faut évidement rêver sa vie, et vivre ses rêves… C’est important, et tout aussi merveilleux ! Nous arrivons déjà vers la fin de cet entretien à distance, où finalement, tout s’est déroulé à merveille ! Je vais alors te laisser le soin de terminer cette interview, avec celui que l’on nomme le fameux – mot de la fin -, tu sais, c’est le même que quand tu passe le podium à l’arrivée d’un rallye ahah ! Juste avant, je me permets de te remercier, et oui, une fois de plus une fois pour ton soutien, ta présence ainsi que tout ce temps que tu m’as accordé tout au long de cette saison jusqu’à aujourd’hui pour ce moment de partage et de passion ! Ce fut un immense plaisir que d’avoir pu échanger avec toi cette après-midi, merci pour ta collaboration, ta participation et ces belles réponses ! Aller, c’est à toi… 3…2…1… et… Action !
Marine : Merci à toi surtout c’est toujours un plaisir que de pouvoir échanger avec toi, et que de pouvoir participer à ton travail que je trouve très qualitatif ! Oui, je voudrais remercier déjà tous mes pilotes et nos assistances, tous les partenaires qui m’ont permis de rouler à droite comme à gauche depuis 2009, mon équipe qui m’a monté la 206 et qui est et sera mon équipe d’assistance, ma copilote Pauline, tous les équipages avec qui on partage de bons moments, les photographes et vidéastes qui nous permettent d’en garder des souvenirs, et les organisations et commissaires qui travaillent pour que l’on se fasse plaisir ! Et le vrai mot de la fin c’est restez chez vous, pour qu’on puisse vite y retourner tous ensemble, dans les autos comme sur le bord des routes ou sous les barnums d’assistance !